Les espèces invasives
en
Languedoc-Roussillon
Séneçon du Cap
Senecio inaequidens
Classe: Magnoliopsidées
Ordre: Astérales
Famille: Astéracées
Origine et historique
Originaire d’Afrique du Sud, elle a été introduite de façon accidentelle en Europe à la fin du 19ème siècle avec des cargaisons de laine. Elle est longtemps restée cantonnée à proximité des zones où son implantation a commencé puis elle s’est répandue plus rapidement au 20ème siècle, essentiellement dans le Sud et l’Ouest de l’Europe, en utilisant essentiellement les voies de communication et en particulier les voies ferrées.Observée pour la première fois en France en 1935, elle a depuis envahi le Nord et la région méditerranéenne, mais elle est présente sur quasiment tout le territoire français.
Stratégie de propagation
La dissémination passe essentiellement par les semences. Un jeune pied ne produit que peu de capitules donc de graines, mais en veillissant cette plante développe toujours plus de tiges, donc de capitules et de graines. Chaque pied peut alors produire une centaine de capitules qui pourront générer de 10 000 à 30 000 graines par an. Ces semences conservent leur pouvoir germinatif pendant 2 ans. Les graines sont propagées par le vent, les animaux, les véhicules, et peuvent germer du printemps à l’automne.Le large pouvoir d’adaptation de cette plante lui permet de se développer sur des sols pauvres, aussi bien calcaires qu’acides, humides que secs et ceci sous quasiment tous les types de climats. Elle présente une forte résistance au chaud, au froid, au gel, au feu, aux herbicides et on ne lui connaît que peu de parasites.
Le Séneçon du Cap produit également des substances racinaires toxiques qui empêchent la germination et le développement d’autres plantes dans son voisinage.
Toutes ces propriétes font du Séneçon du Cap une plante avec un fort pouvoir de propagation.
Nuisances induites
Le Sénéçon du Cap nuit aux milieux naturels et semi-naturels nus en les envahissant et en les modifiant. Son fort pouvoir d’expansion peut conduire à un envahissement de plus de 90 % des surfaces colonisées et ceci au détriment des espèces indigènes (diminution de la biodiversité). Il se développe prioritairement le long des routes, des voies de chemin de fer et des rivières, mais également dans les zones agricoles comme les vignobles et les pâturages plutôt secs. Le Séneçon du Cap produit des alcaloïdes toxiques pour l’homme et le bétail; non consommée par les herbivores, elle se développe ainsi d’autant plus rapidement.
Milieux infestés
Le Séneçon du Cap est une plante qui s’adapte à de larges conditions é c o l o g i q u e s , ce qui la rend potentiellement dangereuse pour de nombreux milieux. C’est une espèce pionnière et opportuniste. On la retrouve essentiellement dans les milieux ouverts perturbés. On peur citer le cas local sur le territoire de la commune de Nohèdes (P.O.), où, après deux incendies en 1992 et 1933, la plante a colonisé jusqu'à 90% du milieu.
Plan d’action et méthodes de lutte
Les techniques préventives visent à :
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sensibiliser le grand public, les collectivités territoriales, les agriculteurs... sur les dangers suscités par cette espèce et sur la nécessité de la détruire ;
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limiter le transport de matériel contaminé par les graines (pneu, terre...) ;
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limiter les terres dénudées, telles que les chantiers, les bords de route et les friches, en semant des espèces à fort recouvrement comme le trèfle et la luzerne ; en milieu agricole, éviter le surpâturage et l’écobuage qui créent des plages favorables au Séneçon du Cap (ce qui a été fait à Nohèdes).
Les techniques curatives consistent à détruire les plants avant leur fructification. Ceci peut se traduire par un arrachage manuel dans les zones peu infestées. Il est important de se débarrasser des résidus de fauche ou d’arrachage car les fleurs peuvent fructifier deux à trois jours après leur déracinement. Le désherbage chimique par des produits phytosanitaires peu rémanants, comme les glyphosates ou les sulfosates, ainsi que le labour semblent fonctionner dans les zones dénudées comme les vignobles. Cette méthode demeure peu recommandable dans les autres milieux puisque le Séneçon profite grâce à son stock grainier de tout terrain ouvert. Enfin, la lutte biologique contre le Séneçon du Cap consiste à procéder à un semis dense de légumineuses ou de graminées (indigènes !) sur les sols infestés par cette plante.
L’utilisation d’une rouille spécifique ou d’un puceron, habituellement prédateurs du Séneçon jacobée, est également à l’étude.
Enfin, il est important de connaitre son aire de répartition afin de prévenir le plus rapidement possible de la découverte de foyers où le Séneçon du Cap est présent.